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Témoignage sur Léonard

Par Aliyah Morgenstern . Dernière mise à jour le : 12 juin 2006.

Grâce à mes visites fréquentes, à la différence des enfants des corpus informatisés sur lesquels j’ai d’abord construit des hypothèses, Léonard n’est pas pour moi un enfant "virtuel". Tour à tour charmeur, moqueur, insupportable, tendre, c’est un petit garçon dans toute sa réalité. Le travail sur son langage s’inscrit donc dans le cadre de la relation que j’ai nouée avec lui.

Il est pour moi important de pouvoir prendre en compte le contexte, la famille, l’atmosphère de la maison, les relations entre l’enfant et les adultes qui l’entourent, le développement de l’enfant dans tous les domaines... si l’on veut faire un travail de qualité en acquisition du langage. Je considère donc qu’il est essentiel de travailler au moins un certain temps à partir d’enregistrements que l’on a soi-même réalisés.

J’ai commencé à filmer Léonard quand il avait 20 mois, dans le cadre de ma recherche sur l’auto-désignation chez l’enfant, la semaine où il s’est désigné par son prénom pour la première fois sous la forme "na". Il avait déjà l’habitude d’être un héros et de participer à des "tournages". Sa mère est écrivain et invente sans arrêt, le plus souvent à la demande de son fils, des histoires dont il est le personnage principal. Son père, lui-même producteur et réalisateur, l’a souvent filmé avec un caméscope. Il a tout d’abord été un peu dérouté de me voir prendre la place de son père derrière la caméra, mais il s’y est vite habitué. Pendant la première moitié de mes visites, les parents travaillaient tous les deux à la maison, puis le père a monté sa propre entreprise de production et a travaillé au-dehors. Léonard allait à la crèche tous les jours jusqu’à 18h du lundi au jeudi et le vendredi matin.

J’ai essayé de filmer Léonard une fois par mois, mais l’emploi du temps familial ne permettait pas toujours de respecter cette régularité, notamment durant les vacances d’été passées dans différents lieux. Il y a donc parfois des intervalles plus longs. Les films commencent quand j’allume le caméscope, peu de temps après mon arrivée. Lors des deux premières séances, je n’ai pas pu filmer l’heure complète. Durant les séances suivantes, le film s’arrête quand la cassette est terminée, ce qui donne des fins de séquences parfois abruptes.

En général, les séquences ont lieu le soir après la sortie de la crèche de 18h30 à 19h30. Cet horaire me semblait intéressant car après sa longue journée à la crèche, Léonard retrouvait sa mère, très disponible pour s’occuper de lui, et qu’il s’agit aussi d’une situation propice au récit de la journée passée en l’absence de ses parents.

La famille a mené la même vie que d’habitude. La maison étant très ouverte, beaucoup d’amis et de membres de la famille passaient leur rendre visite.

Les échanges fonctionnent un peu comme si j’étais tout simplement en visite. Je n’ai pas demandé à la mère de Léonard de "m’oublier" et je suis là à la fois en tant que linguiste intéressée par le langage de Léonard et en tant qu’amie de la famille à qui l’on parle, à qui l’on raconte la journée, etc. Parfois, je suis même seule avec Léonard alors qu’il prend son bain ou qu’il regarde un film. J’ai également des conversations avec la mère de Léonard.

 

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